La plainte à venir du père de Mohamed Merah illustre, s’il en était encore besoin, l’état de déliquescence au morne feu de laquelle s’éteint le rapport social dans notre pays.
Ce monsieur nous somme, du fond de sa campagne algérienne, de nous excuser pour avoir couvert l’action de notre police contre un jeune homme dont le tableau de chasse épingle quatre adultes et trois enfants, tous ciblés avec soin et abattus froidement au nom d’une Cause réfléchie, revendiquée et jusqu’au bout honorée.
Je vais donc, en tant que contribuable, voir une partie de mes impôts distraite pour l’instruction du procès que Monsieur Merah-père entame contre moi. Ainsi vont les choses sous le quinquennat débutant de Monsieur Hollande. À dire vrai, je préférerais que cet argent serve aux familles dont les enfants ont été tirés comme des lapins dans les rues de Toulouse et de Montauban. Mais il faut, n’est-ce pas, que la Justice suive son cours. J’avoue avoir du mal à concéder ma propre complicité, forcée, avec des gens qui me haïssent autant qu’il est possible de le faire. Et j’ai honte en pensant aux parents brisés qui vont devoir eux aussi acquitter leur dîme à l’une des plus grotesques mascarades de notre temps.
J’attendais, de la part des responsables religieux concernés par les déviances de l’un de leurs catéchisés, un peu de cette indignation que l’on exige ces temps-ci des démocrates. Le silence des autorités musulmanes censées modérer les ardeurs de leurs ouailles sonne ici comme l’aveu d’une profonde et totale compromission avec les exécutants de missions assignées loin de France par leurs pairs. L’Islam en tant que conquête des esprits par la peur et la coercition trouve dans cette demande de réparation sa raison d’être et il serait vain d’espérer trouver dans l’apparente démission de ses prélats français le simple reflet d’une lâcheté de circonstance. La réalité, bien différente, est la tacite complicité de gens pour qui les excès de quelques uns, même sanglants, même indicibles, ne sont en fin de compte que l’expression d’un message mal interprété, en leur sein, par les tenants de l’action violente.
Le fond demeure immuable, et les comportements électoraux actuels de la communauté musulmane démontrent à l’envi que le gigantesque mouvement en cours ne se laissera pas dévier de sa route par les actions individuelles de ses composants les plus radicaux. En permettant l’élection de François Hollande, l’Islam a de surcroît marqué un but dont les conséquences sur l’issue du match pèsent désormais lourd, très lourd. Dans cette partie où les règles ne cessent de changer au bénéfice du plus malin, la cruelle odyssée de Mohamed Merah n’est qu’un incident de jeu, dès lors que l’arbitre de la rencontre, j’ai nommé la République, compte les coups sans intervenir sur les termes du règlement.
Nous en sommes là et je crains fort que les morts de Toulouse et de Montauban soient d’ores et déjà passés par pertes et profits, comme le sera bientôt la probable centaine de soldats tombés pour rien à sept mille kilomètres de chez eux. Craindre et vite oublier, telle est la devise inscrite depuis trop longtemps au fronton de la République. Nous sommes conduits par des pleutres qui confondent le bruit de leurs pets dans la soie des fauteuils ministériels avec celui des tambours de la gloire nationale. Si au moins ils ouvraient les fenêtres!
Monsieur Merah-père a raison. Il enfonce le fer dans les parties insensibles de la plaie. Nul doute qu’il trouvera, chez son supposé ennemi, la complaisance que réclame son entreprise. Au silence de ses bergers répondra celui de nos grandes consciences, puisque les uns comme les autres ne supportent plus le cri que pousse quant à lui le peuple lorsqu’on lui perce le flanc. Déjà ceux qui ont mis leur vie en jeu pour abattre un « forcené » en mission ne sont-ils pas suspecté d’avoir mal agi?
Alors, allez-y, Monsieur Merah, foncez! On vous dégottera sans grande peine les avocats pertinents et les juges attentifs que réclament votre procédure. Et même, allez plus loin que la plainte contre X. Attaquez la France, tout simplement. Au nom de la colonisation, de l’esclavage, des Croisades, du vase de Soissons et de la grotte Chauvet. Ne reculez devant rien. Finalement, ma fraction d’euro placée de force dans votre projet est un pari fait sur la bêtise et la lâcheté des mes gouvernants et de leurs godillots médiatiques.
Je vous donne en prime un scoop : depuis quelques années, la serpillère-France, bonne à tordre, implore pour en prendre un peu plus chaque jour dans la gueule. Ne ratez pas, je vous prie, ce moment assez unique dans son Histoire.
Alain Dubos
Provenance : Riposte Laique